Zoom sur l’apprentissage avec J-M Dusseigneur

Jean-Marie Dusseigneur (55 ans) est diplômé de l’ESSCA (Ecole supérieure des Sciences Commerciales d’Angers) et fondateur, en 1987, de l’agence de communication Pubassistance. Depuis 2008, il est également à la tête de la plate-forme Franceapprentissage.fr exclusivement dédiée à l’apprentissage, dont il est le fondateur. Sur Espace-Artisanat, Jean-Marie Dusseigneur a accepté de répondre à toutes nos questions sur l’apprentissage.

Bonjour Jean-Marie Dusseigneur, pouvez-vous nous dire pourquoi vous vous êtes intéressé au monde de l’apprentissage ?

Les aléas de la vie m’ont conduit professionnellement à travailler pour le CFA Pierre et Marie Curie (UMPC). Ce fut la grande découverte  de ce type de formation initiale diplômante dans le supérieur.
Cette découverte s’est rapidement transformée en passion par la création du portail national et gratuit Franceapprentissage.fr pour promouvoir ce type de formations, les faire connaître au plus grand nombre et surtout offrir une plate-forme pratique recensant l’offre et la demande de contrat d’apprentissage.

Que représente pour vous l’apprentissage ?
Le site France Apprentissage  est né en 2008, pourquoi un tel portail ?

Il n’existait pas de plate-forme GRATUITE exclusivement dédiée à l’apprentissage en web 2.0 pour fédérer les différents acteurs en lui donnant unité et cohérence à l’échelle du territoire.
Il y avait également un manque de connaissance de ce type de formations, notamment dans le supérieur qu’il fallait mieux promouvoir sur une plate-forme unique
Enfin, il me semblait important de jouer sur l’intelligence collective des acteurs de l’apprentissage pour centraliser de l’information pratique qui aujourd’hui encore est toujours très diffuse.

2. Les objectifs de France Apprentissage

Quels sont ses objectifs ?
Que trouve-t-on sur ce portail ?

Ce serait trop long à énumérer, mais on citera l’annuaire de formations en apprentissage (plus de 3 200 à ce jour), une bibliothèque de CV mis en ligne par les apprentis et consultable gratuitement par les entreprises.
Des offres de contrats d’apprentissage et d’emploi déposées par les entreprises.
Des forums, une rubrique « actualité « permettant aux entreprises et organismes de formation de mettre eux-mêmes en ligne leur actualité (ex : journées portes ouvertes).
Des rubriques vidéo nouvellement créées « Focus entreprises et focus « Centres de formation » …

3. L’apprentissage en France

L’apprentissage s’adresse-t-il à tous ?

Non, l’apprentissage ne s’adresse malheureusement qu‘aux jeunes de moins de 26 ans et c’est dommage d’avoir mis cette limite si basse à nos yeux. En effet, elle empêche certains jeunes s’orientant très tôt de pouvoir se reformer par l’apprentissage sous contrôle et délivrant des diplômes reconnus.
Pour les autres, ils passent par des formations professionnalisantes, mais souvent non diplômantes.

Quelle vision portez-vous sur l’apprentissage en France ?

L’apprentissage se doit d’être réformé en profondeur et surtout d’innover.
Malheureusement, il est aujourd’hui figé et on tourne en rond avec des replâtrages car il est bloqué par son corporatisme.
Tous les acteurs de l’apprentissage se doivent d’être pragmatiques et de travailler ensemble pour les jeunes.
Aujourd‘hui c’est tout le contraire. Chacun travaille pour soi et l’Etat est co-responsable de l’échec de la politique qu’il mène pour les jeunes.
Par exemple, il est impossible pour des plateformes gratuites comme la nôtre (substitution d’une carence de l’état) ou payantes pour les autres de se faire référencer sur les portails étatiques, académiques… ce qui cause des préjudices pour nos jeunes qui n’ont pas de visibilité sur ces plateformes qu’ils ne connaissent pas
Pour le financement il en va de même. Les privés ne peuvent être opérateurs pour faire des expérimentations novatrices grâce aux nouvelles technologies car l’Etat ou les collectivités territoriales ne s’y intéressent malheureusement pas assez.
C’est la guerre entre l’Etat qui est à droite et les Conseils régionaux qui sont à gauche.
Idem pour les branches professionnelles qui gardent leurs financements pour leurs branches et toute l’inégalité qui en découle entre les branches riches et celles qui le sont moins.
Le système fonctionne en vase clos entrainant un risque de déconnexion avec le monde réel de l’apprentissage que nous vivons quotidiennement.
Et qui trinque : Les jeunes en premier lieu et certaines entreprises aussi.

Comment souhaitez-vous faire « bouger » les choses ?

Nous avons alerté les pouvoirs publics, travaillé sur un rapport sur l’apprentissage en Europe, écrivons à des ministres. Mais nous prêchons dans le désert (voir rubrique « nos actions »).
Nous perdons beaucoup de temps à chercher des fonds privés pour financer le développement du portail, faire partager notre vision, et mener à bien nos expérimentations innovantes qui pourraient par la suite être dupliquées sur tout le territoire si elles s’avéraient concluantes. Nos politiques n’auraient plus qu’à les valider si elles sont pertinentes en légiférant.

Quelles sont vos perspectives d’évolution?

Continuer à faire adhérer des organismes de formation pour atteindre les 3 500 formations en fin d’année 2011 soit une progression de 10%.
Néanmoins cela risque d’être difficile car nous désactivons des formations qui ne sont pas conformes, notamment la rubrique « Missions confiées à l’apprenti » qui explique le contenu de la formation et le métier. Nous avons ainsi perdu plusieurs centaines de formations. France apprentissage souhaite apporter une information qualitative et utile à nos jeunes.

Développer les offres de contrats sur le portail, mais les grands groupes ne souhaitent pas adhérer à notre schéma solidaire invoquant un surcroît de travail et ne mettent leurs offres que sur leurs propres sites (éclatement de l’offre).
France apprentissage a développé la publicité géolocalisable et espère que certains de ces Groupes communiqueront avec des bannières les reliant sur leurs propres offres pour renforcer indirectement l’offre de contrat d’apprentissage

Nouer des partenariats avec des entreprises ou des organismes étatiques pour financer des formations par apprentissage aux jeunes décrocheurs.
Les entreprises peuvent abonder le fonds de dotation et faire entrer leur abondement fiscalement intéressant dans le cadre de leur Responsabilité Sociale et Environnementale.

Nous avons des projets concrets et novateurs et souhaiterions y associer des entreprises en mutualisant les fonds.

Un petit mot pour conclure ?

« là où il y a une volonté, il y a un chemin »

Jean-Marie Dusseigneur , la Rédaction d’Espace-Artisant vous remercie pour le temps que vous lui avez consacré et invite tous ses lecteurs à consulter votre profil pour plus d’informations.

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